L'Europe au plus près

L'Europe au plus près - Vendredi 24 Septembre

L'Europe au plus près - Vendredi 24 Septembre

Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près » où nous suivons, chaque semaine, l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne. 

Cette semaine, intéressons-nous non pas à une institution à proprement parler de l’Union européenne, mais à un événement qui en dit beaucoup sur la position de l’UE vis-à-vis du reste du monde : c’est l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, qui tient sa 76e session annuelle du 21 au 24 septembre à New York. 

Avant tout, il convient de rappeler que contrairement à l’Italie, la Belgique ou n’importe lequel des Etats de l’Union européenne, l’UE n’étant pas un pays, n’est pas membre à part entière de l’ONU. En revanche, depuis bientôt 50 ans, elle dispose d’un statut d’observateur permanent ce qui lui permet d’être représentée à l’Assemblée générale des Nations Unies. Les représentants de l’UE auprès de l’ONU sont notamment les commissaires européens, ou encore le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères à savoir Josep Borrell. En outre, depuis 2011, l’UE a le droit non seulement d’observer, mais aussi de participer aux débats lors de l’ouverture de la session de l’Assemblée générale. Dans ce cas, c’est le président du Conseil européen, Charles Michel, qui s’exprime au nom de l’UE. 

Et sur quoi portent les discussions de cette 76e édition de l’Assemblée Générale de l’ONU ? 

Elles ont avant tout porté sur la lutte contre les dérèglements climatiques. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a ouvert les débats en rappelant une nouvelle fois que le monde était au bord du gouffre.  Une prise de parole suivie au moins d’une réaction, celle de la Turquie qui a enfin décidé de ratifier l'accord de Paris sur le climat signé en 2015. Jusqu'à présent, le président turc Recep Tayyip Erdogan demandait à l'Europe un soutien financier en échange de sa ratification de l'accord. L’Assemblée de l’ONU a également obtenu de la Chine son engagement à ne pas construire de nouvelles centrales à charbon. 

La Chine emboîte ainsi le pas des pays européens qui sortent les uns après les autres de la dépendance à cette énergie fossile. 

Tout à fait ! La Belgique y est parvenue la première en 2016, mais on peut aussi citer la France qui entend sortir du charbon d’ici à 2023, ou encore la Hongrie qui veut y arriver pour 2025. A l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, l’UE en a donc profité pour défendre sa politique environnementale ambitieuse et son Pacte vert, le green deal, qui vise à ce que les 27 atteignent la neutralité carbone d’ici à 2050. 

Les débats lors de cette assemblée générale ont aussi porté sur la situation en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans.

En effet, à ce propos, la commissaire chargée des affaires intérieures Ylva Johansson a pris la parole pour appeler à préserver les acquis obtenus par la population afghane depuis 2001, en particulier les droits des femmes. Des droits qui risquent d’être réduits dans le nouvel “Émirat islamique d’Afghanistan”. Lors des discussions, Josep Borrell a ainsi expliqué que le contexte actuel oblige les Européens à envisager de travailler avec les talibans, ne serait-ce que pour faciliter l’aide humanitaire sur place. En revanche, avant toute discussion, la diplomatie européenne exigera des talibans qu’ils respectent les droits des femmes et qu’ils permettent à ceux qui le veulent de quitter l’Afghanistan.

Un autre problème s'est présenté devant l'Assemblée à New York : celui de la représentation de l'Afghanistan auprès de l’ONU.

Oui Thomas, deux délégations revendiquent aujourd’hui le droit de représenter l’Afghanistan à l’Assemblée générale des Nations unies : l’ambassadeur nommé par l’ex-gouvernement afghan renversé le 15 août, mais aussi Amir Khan Muttaqi, le chef de la diplomatie talibane. Une situation complexe quand on sait que lorsque les talibans étaient au pouvoir entre 1996 et 2001, ils n’avaient jamais été admis au sein de l’ONU. Si aujourd’hui l’UE ne souhaite pas reconnaître le gouvernement des talibans, leur admission à l’assemblée générale de l’ONU dépend du vote d’une commission spécialisée, composée entre autres de la Russie, des Etats-Unis, de la Chine et de la Suède.

Enfin, parmi les autres sujets évoqués lors de l’Assemblée Générale des Nations unies, un autre théâtre de conflit, mais bien moins médiatisé a été abordé : le Yémen. Un pays qui se trouve aujourd’hui dans une urgence humanitaire catastrophique.

Oui, c’est le commissaire chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic qui représentait l’UE lors des discussions sur le Yémen, pays en proie à une guerre civile depuis 2014, lorsqu’une rébellion houthiste soutenue par l’Iran a forcé le président Hadi à se réfugier en Arabie Saoudite. Riyad a alors formé une coalition avec les Emirats Arabes Unis pour intervenir militairement. 

Six ans plus tard, la guerre se poursuit et le Yémen est le pays qui connaît la plus grave crise humanitaire au monde. 

Oui c’est vrai, d’après la Commission européenne, des millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire. Pour quelque 50 000 personnes, le manque d’accès à la nourriture est tel qu’on parle de famine. Au final, près de 70 % de la population du pays a besoin d'une aide humanitaire. Mais en raison des combats, l’acheminement de nourriture ou de médicaments est particulièrement compliqué. 

Le 23 septembre, en marge du sommet de l’ONU, la Commission européenne a d’ailleurs annoncé la création d’une enveloppe supplémentaire de 119 millions d'euros d'aide humanitaire et d'aide au développement à destination du Yémen. 

Ce financement vient porter le soutien de l'UE au Yémen à 209 millions d'euros en 2021. Une première partie servira à lutter en urgence contre l’insécurité alimentaire. La part restante de ce fonds servira à l’aide au développement du pays : développement des infrastructures et services publics de base, afin de favoriser l’éducation, ainsi que l’émancipation économique des jeunes et des femmes. Mais malgré tout, Janez Lenarcic a reconnu que “les fonds mobilisés ne permettent de faire face qu'à la moitié des besoins” humanitaires au Yémen.

Thomas Kox - Romain L'Hostis

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