Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Programme du jour :
- L'annulation des élections présidentielles de 2024 en Ukraine
- L'écart grandissant entre l'économie européenne et l'économie américaine
- La démission du Premier ministre portugais
Bonjour Joris, ouvrons ce journal en évoquant la décision du président ukrainien Volodymyr Zelensky d’annuler les élections présidentielles qui auraient dû se tenir au mois de mars prochain.
Oui, la semaine dernière déjà; le président “pesait le pour et le contre” à ce sujet d’après les déclarations de son ministre des affaires étrangères. C’est finalement chose faite : il n’y aura pas d’élection en 2024. Les législatives devaient déjà être organisées au mois d’octobre de cette année et sont également repoussées à une date indéterminée. Pour Volodymyr Zelensky «ce n’est pas le moment pour des élections” alors que le conflit continue de faire rage en Ukraine.
Un scrutin qui aurait été très difficile à organiser sur fond de guerre et avec un territoire en partie occupé
Oui c’est une des principales raisons qui ont poussé à l’annulation de l’élection. La Russie occupe toujours environ un cinquième du territoire de l’Ukraine, et plusieurs millions d’Ukrainiens sont réfugiés à l’étranger. Dans ce contexte difficile d’imaginer la tenue d’une campagne et d'élections.
Autre problème, d’ordre juridique cette fois : le pays est sous loi martiale. Et cette dernière, dans son article 19 dispose noir sur blanc qu’aucune élection ne peut avoir lieu en temps de guerre. Il faudrait donc effectuer une réforme de la loi martiale, ce que ne semble pas décidé à faire l’exécutif Ukrainien, même si des pressions se font entendre en Occident pour que l’Ukraine, malgré le contexte, maintienne le scrutin.
Et comment le peuple ukrainien perçoit cette décision ?
Selon le politologue Volodymyr Fessenko, qui s’était exprimé dans Le Monde en septembre, la majorité des ukrainiens se montrent sceptiques quant à la tenue d’élections dans ce contexte. D’autant que si des élections devaient se tenir il n’ y aurait que peu de suspens quant au succès du président Zelensky. Déjà lors de son élection en 2019 il avait été élu avec plus de 70% des voix dès le premier tour. Et depuis le début de la guerre, sa popularité a encore augmenté.
Volodymyr Zelenski s’inquiète aussi du fait que ces élections puissent raviver des divisions en Ukraine à un moment où le pays n’en a vraiment pas besoin et d’autant plus aux portes d’un nouvel hiver de guerre.
Un hiver pendant lequel l’Ukraine craint que la Russie ne s’attaque à nouveau à ses infrastructures énergétiques.
C’était la stratégie qu’avait employée Moscou l’an dernier. Ces bombardements ciblés ont énormément pesé sur le moral de la population ukrainienne qui s’était retrouvée par moment privée de chauffage et d'électricité. Des conséquences dramatiques dans ce pays où la température peut facilement atteindre les - 10°c pendant les mois les plus froids. L’Ukraine cherche d’ailleurs depuis plusieurs mois à renforcer ses défenses anti-aériennes pour prévenir au maximum de prochains bombardements.
Continuons ce journal en revenant sur l’écart de plus en plus prégnant entre l’économie européenne et l’économie américaine.
Oui, les chiffres sont sans appel. Selon l’institut de statistiques européen Eurostat, le PIB des 20 pays utilisant l’euro a baissé de 0,1% au troisième trimestre, alors que de son côté celui des États-Unis a augmenté de 1,2%. Depuis la crise économique des subprimes en 2008, l’écart entre l’Union européenne et la première puissance mondiale ne cesse de se creuser. La croissance du PIB par habitant a ainsi été de 19,7% depuis 2007 aux USA, et seulement de 7,6% sur la même période sur le vieux continent.
Et qu’est ce qui explique cet écart ?
Tout d’abord la politique budgétaire américaine. Lors des différentes crises, les USA n’ont pas hésité à s’endetter à des niveaux records pour soutenir l’économie américaine. Par exemple, l’Inflation Reduction Act, le grand plan pour le pouvoir d’achat et le climat a été tellement massif qu’il entraîné les États-Unis à un déficit budgétaire de 8,2% sur l’année 2023, contre 3,4% pour l’Europe.
La dette des Etats-Unis atteint d’ailleurs près de 120 % de son PIB alors que celle de l’UE reste contenue à un peu plus de 80% de son PIB.
Et l’UE a dû se passer très vite de sa dépendance au gaz russe qui a fait très mal à l’économie européenne.
Bien sûr, la perte du gaz russe est également un facteur aggravant sur les derniers mois. Après la guerre en Ukraine l’UE a dû décider dans l’urgence de se passer des importations de gaz en provenance de Russie.
Et alors que l’Union doit importer son énergie, les Américains sont eux des exportateurs et peuvent faire bénéficier leur industrie d’une énergie bon marché.
Face à ce constat, pour la plupart des économistes, l’économie américaine devrait creuser l’écart avec l'européenne, au moins à court terme, malgré une inflation légèrement plus faible sur le vieux continent.
Et concluons ce journal au Portugal, où le Premier ministre vient de démissionner sous fond d’accusations de corruption.
Oui, mardi 7 novembre, Antonio Costa en poste depuis 2015 a vu sa résidence fouillée tout comme les ministères de l’Infrastructure et celui de l’Environnement. Les enquêteurs soupçonnent le Premier ministre socialiste d’être intervenu pour favoriser des procédures dans le cadre d’exploration des mines de lithium dans le nord du pays.
Quelques heures après le début de l'enquête, le Premier ministre a démissionné de son poste qu’il occupait depuis 2015 . S’il nie toute implication dans cette histoire et dit même avoir été “surpris” par le début de l’enquête, il reconnaît que, je cite, “la fonction de Premier ministre n’est pas compatible avec des soupçons entourant son intégrité”. Ce n’est cependant pas le premier scandale qui éclabousse ce gouvernement. On pense notamment à un scandale autour de la compagnie aérienne portugaise TAP qui avait déjà provoqué le départ de certains ministres plus tôt dans l’année.
Le Portugal se trouve donc plongé dans une période d’incertitude politique.
Oui, le président Marcelo de Sousa doit prendre la décision dans les prochains jours d’organiser ou non des élections anticipées. Il pourrait également laisser le parti socialiste de l’ancien Premier ministre former un nouveau gouvernement.
En cas de nouvelle élection, le PS portugais serait pour le moment favori, mais avec une avance très courte sur le parti social-démocrate de centre droit, dont le président de Sousa a autrefois été à la tête.
Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana