Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près », le journal de la rédaction d'euradio qui fait le point, chaque vendredi, sur l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Au programme du jour :
- Le possible retrait de X (ex-Twitter) de l’Union européenne
- L'annonce du lauréat du prix Sakharov 2023
- L’organisation en Espagne du premier exercice militaire réel de l’Union européenne
Ouvrons ce journal en évoquant le possible retrait de X, anciennement Twitter, de l’Union européenne.
En effet, selon Business Insider, Elon Musk envisagerait de retirer l’accès de X aux utilisateurs européens. Cette décision ferait suite au mécontentement du milliardaire face au Digital Services Act ou DSA, soit le règlement européen sur les services numériques. Ce règlement vise à contrôler les grandes plateformes, telles que l’ex-twitter, facebook ou tik tok.
Depuis sa désignation en tant que très grande plateforme en ligne en août 2023, X doit se conformer à l'ensemble des dispositions introduites par le DSA, notamment en termes de gestion des contenus à caractère terroriste, violent et haineux.
Le 12 octobre, la Commission européenne a ouvert une enquête sur X en vertu de ce règlement sur les services numériques.
Oui, cette enquête fait suite à des préoccupations concernant la conformité du réseau social aux obligations découlant du DSA. Pour rappel, de fausses informations et des appels à la violence ont été signalés sur la plateforme à la suite de l'attaque du Hamas contre Israël.
Le non-respect du règlement européen peut entraîner de sévères sanctions telles que des amendes, ce qui pousse Elon Musk à envisager la possibilité de ne plus rendre le réseau social disponible dans l'UE.
Toutefois, il convient de noter que l'entreprise X n'a pour l’instant pas émis de commentaire officiel concernant ces informations.
D’autres réseaux sociaux se trouvent en ligne de mire de la Commission.
En effet, X n'est pas la seule plateforme dans le viseur de la Commission européenne. La régulation des réseaux sociaux est devenue un enjeu majeur en Europe, et d'autres géants du secteur sont également ciblés par l’UE. La Commission a ainsi annoncé le 19 octobre l'ouverture d'une enquête visant les réseaux sociaux comme TikTok ou ceux appartenant au groupe Meta, à savoir Facebook et Instagram.
Les réglementations du Digital Services Act en vigueur sur le continent européen préoccupent les maison-mères des plateformes numériques, et ont d’ailleurs amené le groupe Meta à retarder le lancement de Threads, un service concurrent de X, malgré son déploiement aux États-Unis plus tôt cette année.
Continuons ce tour de l’actualité avec l’annonce de l’attribution du prix Sakharov 2023 pour la liberté de l’esprit à Jina Mahsa Amini et au mouvement “Femme, Vie, Liberté” en Iran.
En effet, le jeudi 19 octobre, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola a annoncé dans l’hémicycle de Strasbourg le lauréat 2023 du Prix Sakharov.
Pour rappel, le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit est une distinction annuelle décernée par le Parlement européen depuis 1988. Il vise à reconnaître et à célébrer les individus et les organisations qui se sont illustrés par leur engagement en faveur des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Cette année, l'honneur a été décerné post-mortem à Mahsa Amini, et au mouvement "Femme, Vie, Liberté" en Iran.
Et en quoi consiste ce mouvement ?
Ce mouvement est né en réaction au décès de Mahsa Amini causé par les gardiens de la révolution iranienne. La jeune fille de 22 ans, arrêtée à Téhéran en septembre 2022 pour avoir violé les lois sur le port du voile, est décédée après trois jours de détention, à la suite des violences physiques lui ayant été infligées. Sa mort a suscité un vaste mouvement de protestation en Iran, principalement porté par des femmes. Sous le slogan "Femme, Vie, Liberté" elles contestent la loi sur le hijab et autres mesures législatives jugées discriminatoires.
En octobre 2022, les députés européens ont réclamé des sanctions à l'encontre des responsables iraniens impliqués dans la mort de Mahsa Amini et dans la répression exercée par le régime. Ils ont également exprimé un solide soutien au mouvement de protestation pacifique en Iran.
L’Union européenne entretient des relations tendues avec l’Iran en raison de la situation désastreuse des droits de l’Homme qui règne dans le pays
En effet, en plus de la répression exercée sur son peuple, le régime iranien a arrêté nombre de ressortissants de l’Union européenne. Aujourd’hui, encore une vingtaine d’européens sont détenus en Iran. L’Iran qui, en dépit du droit international, mène ce que l’on appelle une diplomatie de l’otage. Thierry Coville, chercheur spécialiste de l'Iran à l'IRIS, expliquait d’ailleurs à ce propos "Il y a une partie de l'establishment iranien qui pense que la seule manière d'obtenir quelque choses des Occidentaux, c'est de leur mettre la pression en prenant des otages". Aussi, le 30 janvier 2023, les eurodéputés ont fait appel à des sanctions supplémentaires à l'encontre du régime iranien et à l'inscription du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique sur la liste de l'Union européenne en matière de terrorisme.
Terminons ce journal en évoquant l’organisation en Espagne du premier exercice militaire réel de l’Union européenne.
En effet, du 16 au 22 octobre, l'Union européenne a organisé son tout premier exercice militaire réel depuis la base navale de Rota située dans la province de Cadix, en Espagne. Cet exercice regroupe 19 pays pour coordonner 2 800 militaires dans une simulation grandeur nature.
L'objectif est de tester la capacité de déploiement rapide de l'UE, prévue pour être opérationnelle d'ici 2025, et de renforcer l'interopérabilité entre les armées des États membres.
Et en quoi consiste cet exercice ?
L'exercice met en scène une situation d'urgence où l'UE doit porter assistance à un allié fictif face à une menace d'un groupe extrémiste violent. Outre les troupes, l'exercice a mobilisé 25 avions, six navires, des ressources spatiales, des capacités cybernétiques, et des forces d'opérations spéciales. Le budget à hauteur de 5 millions d'euros a été financé par la Facilité européenne pour la paix. Politico estime que si ce projet a été initialement conçu pour maintenir la paix, “A la suite de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, l’UE a cherché à devenir davantage une puissance militaire”. Cette démarche pour renforcer le rôle de l'UE en matière de défense suscite des inquiétudes au sein de certains pays quant à l'affaiblissement du rôle de l’Otan. Toutefois, le chef du Comité militaire de l’UE, le général autrichien Robert Brieger estime quant à lui qu '“Il y a de la place pour les deux organisations”.
Un journal de Ariane Dana et Joris Schamberger.